jeudi 3 décembre 2009

Nocturne #1 : Baston

(Ce qui suit est une fiction, comme tous les billets que j'indiquerai en "Nocturne")

Je plaisante avec lui, nous avons tous les deux pris plusieurs verres, avec les autres. Une fine pluie a déjà commencé à rendre la nuit plus humide et froide encore. Dans son coin, celui qui n'avait pas dit un mot de toute la soirée se met à rire à en perdre le souffle, se tenant les abdos tellement il n'arrive pas à s'arrêter.

Début de soirée

C'est à ce moment-là qu'il me met un coup de poing dans le bide.

L'alcool étouffe la douleur mais j'avoue être un peu surpris, je jette un oeil à celui qui vient de m'en coller une, il rit aux éclats et tend sa main levée, façon "tape m'en cinq". J'avoue que sa plaisanterie ne me fait pas trop rire, le poing serré que je lui envoie au plexus lui coupe le sifflet.

Son regard trahit d'abord une certaine incompréhension, puis les choses s'enchaînent très naturellement.

Il se ramasse, étouffant encore, le souffle coupé, les mains prêtes à parer un autre coup, qui ne vient pas. Je retire ma veste, il fait de même. Je sens les gouttes fraîches tomber sur ma peau, sous laquelle le sang semble circuler à toute allure. Autour de nous les amis s'écartent.

D'abord prudents, envoyant de petits coups vite parés, nous voilà vite très audacieux. C'est lui qui porte le prochain coup, à la mâchoire. Je me sens perdre le contrôle l'espace d'une seconde, ma vision se brouille suffisamment pour aligner son visage victorieux d'un violent droit à la tempe.

Autour de nous, personne ne sait comment réagir. Il faut dire qu'on doit avoir l'air de bien s'amuser. Moi, en tous cas, je m'éclate.

Je ne compte plus les coups que j'envoie, ni ceux que je pare. Je dois fermer mon oeil gauche sinon j'ai trop mal, j'ai oublié la douleur dans mon abdomen. Je l'attrape par sa longue tignasse pour le plaquer contre le mur, et de l'autre main je martèle son dos, ses reins. Je balance quelques coups de genoux dans les cuisses.

Je crois que nos amis commencent à crier, j'avoue que je ne les entends plus trop.

Quelque chose occupe mon champ de vision et une demi-seconde plus tard je suis au sol. J'aurais dû me méfier davantage de son coude ! Il m'écrase de tout son poids et maintient mes mains, un sourire ensanglanté éclairant son visage. Il secoue légèrement la tête, je crois qu'il s'éclate aussi en fait.

Et c'est ma gueule qu'il frappe, inlassablement, avant que les autres le retiennent par les bras. Je lui hurle que c'est une tapette, je crie aux autres de nous laisser entre hommes, mais tout se finit très vite. Et une fois les festivités achevées, j'avoue que j'ai davantage envie d'offrir un verre à ce connard que de lui taper sur la gueule.

Je crois qu'on en reparlera. Nos amis, pas trop.

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